willy lemke

Photographies animalières et de nature

            Le Cygne                                                                                             
 Sans bruit, sous le miroir des lacs profonds et calmes,
Le Cygne  chasse l'onde avec ses larges palmes,
Et glisse..... Le duvet de ses flancs est pareil
A des neiges d'avril qui croulent au soleil ;
Mais ferme et d'un blanc mat, vibrant sous le zéphire,
Sa grande aile l'entraîne ainsi qu'un lent navire.
Il dresse son beau col au-dessus des roseaux,
Le plonge, le promène allongé sur les eaux,
Le courbe gracieux comme un profil d'acanthe,
Et cache son bec noir dans sa gorge éclatante.
Tantôt le long des pins, séjour d'ombre et de paix,
Il serpente, et laissant les herbages épais
Traîner derrière lui comme une chevelure,
Il va d'une tardive et languissante allure ;
La grotte où le poète écoute ce qu'il sent,
Et la source qui pleure un éternel absent,
Lui plaisent : il y rôde ; une feuille de saule
En silence tombée effleure son épaule ;
Tantôt il pousse au large, et, loin du bois obscur,
Superbe, gouvernant du côté de l'azur,
Il choisit, pour fêter sa blancheur qu'il admire,
La place éblouissante ou le soleil se mire.
Puis, quand les bords de l'eau ne se distinguent plus,
A l'heure où toute forme est un spectre confus,
Où l'horizon brunit, rayé d'un long trait rouge,
Alors que pas un jonc, pas un glaïeul ne bouge,
Que les rainettes font dans l'air serein leur bruit
Et que la luciole au clair de lune luit,
L'oiseau, dans le lac sombre, où sous lui se reflète
La splendeur d'une nuit lactée et violette,
Comme un vase d'argent parmi des diamants,
Dort, la tête sous l'aile, entre deux firmaments.
                                                                                              Sully Prudhomme
                Choeur des syrinx
Quand les humains entre eux
 médisent et persiflent,
 j'aime qu'aux soirs d'été,
juché sur son antenne,
 obstinément le merle SIFFLE
et que le rossignol,
 au plus noir de la nuit
comme au jour le plus chaud,
se laisse aller au BEL CANTO
avant qu'au matin l'hirondelle,
sur un ciel bleu de haute lisse
GAZOUILLE son bonheur et TRISSE,
tandis qu'au profond du feuillage
 le pinson FRINGOTTE ou RAMAGE,
 qu'ivre sous le soleil,
 comme devenue folle,
l'alouette GRISOLLE,
à moins que l'enchante un pinceur de lyre
et qu'alors elle TIRELYRE
ou qu'envoûtée par le faune à la flûte
innocemment elle TURLUTE.
Mais je m'étonne que grincheux,
 pilleur de nids comme pas deux,
si joliment le geai CAJOLE
 lorsqu'en tous lieux d'où on la chasse 
la pie JACASSE !
 Prêtant l'oreille au rougegorge 
qui, au plus fort de l'hiver, TRILLE
(mais en pays lorrain PÉTILLE),
 j'entends aussi qu'en sentinelle,
arpentant les labours gelés,
 le corbeau freux CROASSE
et qu'ayant pris son tour de garde
 l'oie vigilante CACARDE,
alors qu'à l'écart de sa cane
sans honte le canard CANCANE.
Ne l'entendant plus guère dans les blés,
j'ai souvenir que la caille MARGOTE
et qu'aussi rare qu'elle, à l'abri d'un fossé,
 la craintive perdrix CACABE.
Et si, jaillissant d'un buisson, m'arrête
le doux conciliabule du petit peuple des fauvettes,
j'entendrai qu'elles ZINZINULENT.
Quand j'aurai dit que le hibou
 mystérieusement ULULE,
que la cigogne sur nos têtes
au retour du printemps CRAQUETTE,
qu'inatteignable sur son aire,
 l'aigle GLATIT
et qu'au clocher CHUINTE l'effraie,
je n'aurai pas de nos oiseaux
 tout dit, tout entendu :
que sait-on du cri du dodo,
du chant des oiseaux disparus ? 
 Michel SIREY    


"L'Étreinte sur le Pissenlit"      
    
Sur la fleur d'un pissenlit, un jour de printemps clair,
Un escargot paisible y glissait sans s'en faire.
Il observa une libellule, légère et gracile,
Qui s'élançait avec élégance, dans un vol habile.
L'escargot, émerveillé par cette créature enjouée,
S'approcha doucement, sans se sentir délaissé.
Il lui offrit un baiser, tout doux, tout tendre,
Sur la fleur, dans la lumière, un moment à suspendre.
La libellule, surprise mais touchée par ce geste,
Se laissa approcher, sans peur, sans proteste.
Elle descendit de la fleur, pour être près de l'escargot,
Et ensemble, ils partirent, vers des horizons nouveaux.
Dans la clairière enchantée, leur amour s'épanouit,
Unissant deux mondes différents, dans un élan de vie.
Car dans cette grande symphonie de la nature,
Même les plus opposés peuvent trouver une aventure.
Que cette histoire nous rappelle, amis, la magie de l'amour,
Qui transcende les frontières, les limites, les détours.
Car dans chaque être, même le plus petit, bat un cœur,
Prêt à accueillir l'amour, dans un élan de douceur.
Cédric Kyoto




                                                         




      

                          A Aurore                                                                     
La nature est tout ce qu'on voit,
Tout ce qu'on veut, tout ce qu'on aime.
Tout ce qu'on sait, tout ce qu'on croit,
Tout ce que l'on sent en soi-même.

Elle est belle pour qui la voit,
Elle est bonne à celui qui l'aime,
Elle est juste quand on y croit
Et qu'on la respecte en soi-même.

Regarde le ciel, il te voit,
Embrasse la terre, elle t'aime.
La vérité c'est ce qu'on croit
En la nature c'est toi-même.
                                              George Sand
*****
            Temps calme                                                      
Parti très loin
Dans mes pensées
Je me suis perdu.

À le suivre des yeux
Un papillon me ramène
À moi-même.

Au bord du lac,
Pêcher plus de silence
Que de poissons.
                                                             Stephen Moysan
*****
           
     Voyance                                                          
Je vins au rêve voyant
D'une nature cendrée d'aubes épiques
Qui finira les temps
Les temps des consciences éteintes
Rimant la mort des loups.
                                                         Willy Lemke
*****
Ballade « Quand à peine un nuage »
Quand à peine un nuage, Flocon de laine, nage
Dans les champs du ciel bleu,
 Et que la moisson mûre, Sans vagues ni murmure,
 Dort sous le ciel en feu ;
Quand les couleuvres souples
Se promènent par couples
Dans les fossés taris ;
 Quand les grenouilles vertes,
Par les roseaux couvertes,
 Troublent l’air de leurs cris ;
 Aux fentes des murailles quand luisent les écailles
Et les yeux du lézard,
Et que les taupes fouillent Les prés,
Où s’agenouillent Les grands bœufs à l’écart,
Qu’il fait bon ne rien faire,
Libre de toute affaire, Libre de tous soucis,
Et sur la mousse tendre Nonchalamment s’étendre,
Ou demeurer assis ; Et suivre l’araignée,
De lumière baignée, Allant au bout d’un fil
À la branche d’un chêne Nouer la double chaîne
De son réseau subtil, Ou le duvet qui flotte,
Et qu’un souffle ballotte Comme un grand ouragan,
Et la fourmi qui passe Dans l’herbe,
et se ramasse Des vivres pour un an,
Le papillon frivole, Qui de fleurs en fleurs vole
Tel qu’un page galant,
Le puceron qui grimpe À l’odorant olympe
D’un brin d’herbe tremblant ;
Et puis s’écouter vivre, Et feuilleter un livre,
Et rêver au passé En évoquant les ombres,
Ou riantes ou sombres, D’un long rêve effacé,
Et battre la campagne, Et bâtir en Espagne
De magiques châteaux, Créer un nouveau monde
Et jeter à la ronde Pittoresques coteaux,
Vastes amphithéâtres De montagnes bleuâtres,
Mers aux lames d’azur, Villes monumentales,
Splendeurs orientales, Ciel éclatant et pur,
Jaillissantes cascades, Lumineuses arcades
Du palais d’Obéron, Gigantesques portiques, 
Colonnades antiques, Manoir de vieux baron
Avec sa châtelaine, Qui regarde la plaine
 Du sommet des donjons, Avec son nain difforme,
Son pont-levis énorme, Ses fossés pleins de joncs,
Et sa chapelle grise, Dont l’hirondelle frise
Au printemps les vitraux,
Ses mille cheminées De corbeaux couronnées,
Et ses larges créneaux, Et sur les hallebardes
 Et les dagues des gardes Un éclair de soleil,
Et dans la forêt sombre Lévriers eu grand nombre
Et joyeux appareil, Chevaliers, damoiselles, Beaux habits,
riches selles Et fringants palefrois, Varlets qui sur la hanche
 Ont un poignard au manche Taillé comme une croix !
 Voici le cerf rapide, Et la meute intrépide ! Hallali, hallali !
Les cors bruyants résonnent, Les pieds des chevaux tonnent,
Et le cerf affaibli Sort de l’étang qu’il trouble ;
L’ardeur des chiens redouble : Il chancelle, il s’abat.
Pauvre cerf ! son corps saigne,
La sueur à flots baigne Son flanc meurtri qui bat ;
Son œil plein de sang roule Une larme,
qui coule Sans toucher ses vainqueurs ;
 Ses membres froids s’allongent ;
 Et dans son col se plongent Les couteaux des piqueurs.
Et lorsque de ce rêve Qui jamais ne s’achève
Mon esprit est lassé, J’écoute de la source Arrêtée en sa course
Gémir le flot glacé, Gazouiller la fauvette
Et chanter l’alouette Au milieu d’un ciel pur ;
Puis je m’endors tranquille Sous l’ondoyant asile
De quelque ombrage obscur.
                                                                    Théophile Gautier (1811-1872)
                                                                     Premières Poésies


















  

  

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